En ce début de 2023, si nous avons une certitude, c’est à quel point la voie est incertaine pour l’économie mondiale – contrairement à 2021 ou 2022, où la destination (une inflation et des taux plus élevés) nous semblait claire.
Les risques à double sens liés à la réouverture chaotique de la Chine sont peut-être les plus sous-estimés. Les points de vue semblent avoir convergé sur les conditions de ce déconfinement : des perturbations à court terme, suivies d’un puissant mini-boom post-covid au deuxième trimestre de l’année. Une bonne nouvelle pour la Chine et une bonne nouvelle pour les marchés d’actifs.
Peut-être bien. Le flou demeure cependant sur la situation du covid en Chine, sans parler de ce qui se passera lorsque la vie économique normale reprendra. Ces deux dernières années, ni les économistes, ni les épidémiologistes ne sont parvenus à des prévisions particulièrement probantes.
Nous insistons beaucoup sur la réouverture, mais sans doute pas assez sur le chaos. Le graphique de ci-dessus révèle la proportion de la population âgée non vaccinée en Chine et l’insuffisance du système de santé chinois pour prendre en charge ceux qui tombent gravement malades.
Il est également difficile d’estimer l’efficacité des vaccins chinois en matière de protection contre les cas graves. Nul ne sait exactement combien de personnes sont actuellement infectées par le variant Omicron, même s’il est probable qu’il y en ait des centaines de millions.
De nombreux pays ont permis une propagation incontrôlée du variant Omicron. Aucun n’a démantelé ses contrôles des cas de covid aussi brusquement, avec une immunité de la population contre le virus aussi limitée.
Pendant la majeure partie des trois dernières années, l’économie chinoise a été protégée du covid par des fermetures et des restrictions continues. L’économie des services a été sacrifiée pour garder les usines ouvertes. Dans les semaines à venir, beaucoup ne prendront pas leur poste à l’usine. Au plus fort de la vague Omicron aux États-Unis, 5 % de la population adulte était en arrêt de travail pour des raisons liées au covid, malgré la circulation continue du virus au cours des deux années précédentes et l’accès aux vaccins ARNm les plus efficaces 1. La pénurie de main-d’œuvre sera certainement encore plus prononcée dans les usines chinoises. L’explosion de la demande de services de consommation faisant appel à beaucoup de main-d’œuvre doit faire face à une population active perturbée par le covid. La réouverture de la Chine risque d’attiser le brasier inflationniste, comme nous l’avons vu en Occident.
Le déconfinement de la Chine ne se fera probablement pas sans heurts, et les efforts de Xi Jinping pour donner la priorité à l’économie pourraient facilement se retourner contre lui – c’est le scénario de « la mauvaise nouvelle s’avère être réellement une mauvaise nouvelle ».
Les optimistes pourraient affirmer qu’après une courte période de chaos gérable, la Chine connaîtra un rebond puissant et inattendu, qui définira le paysage macroéconomique de 2023. Les Trois Ours disparaissent dans les bois et Boucles d’or revient : désinflation américaine, pic de durcissement de la Réserve fédérale (Fed) et une accélération de la croissance tirée par la Chine. C’est un scénario plausible.
Mais serait-ce vraiment une bonne nouvelle pour les marchés ?
L’inflation émanant de Chine, la hausse des prix des matières premières et une correction du dollar pourraient déclencher un environnement favorable au risque. Toutefois, il est peu probable que cela dure longtemps, étant donné l’inévitable réaction de la part des banques centrales déjà nerveuses. Tant que les pressions inflationnistes ne se seront pas apaisées de manière spectaculaire, les bonnes nouvelles pour l’économie seront probablement ainsi mauvaises pour les actifs à risque.
Et si l’équation était beaucoup plus simple ? Les dommages collatéraux de la réouverture de la Chine ne font qu’accélérer la chute des bénéfices à l’échelle mondiale. Un rebond d’une ampleur inattendue, surtout s’il s’accompagne d’une résurgence du marché immobilier, obligera la Fed à freiner encore plus fort.
Quoi qu’il en soit, les actifs à risque ne peuvent échapper à leur destin. Si le président de la Fed, Jerome Powell, veut sérieusement imiter l’exploit de Paul Volcker, qui a véritablement dompté l’inflation, il se pourrait bien que les conditions financières se resserrent nettement plus en 2023. Dans ce cas, les investisseurs souffriraient sans doute encore.
Source du graphique : Goldman Sachs
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