La hausse des taux d’intérêt pourrait-elle déclencher une vente précipitée des actifs à risque ?
Avertissement : le texte qui suit contient un langage à caractère pessimiste (« bearish » dans le jargon des marchés). Nos lecteurs les plus sensibles voudront peut-être s’abstenir…
Après trois trimestres consécutifs de pertes sur les actions et les obligations, les investisseurs ne sont pas peut-être pas encore sortis d’affaire. Jusqu’à présent, la réévaluation des actifs risqués a été douloureuse, mais ordonnée. Aujourd’hui, nous craignons quelque chose de bien pire – une liquidation.
Dans un récent mémo, notre Chief Investment Officer, Henry Maxey, laisse entendre que nous pourrions assister à une vente précipitée des actifs à risque tels que les actions et le crédit de la part des investisseurs. Pourquoi cela pourrait-il se produire ?
Tout d’abord, il existe désormais une alternative. Comme le montre le graphique, non seulement le taux officiel des fonds fédéraux américains dépasse désormais les 3 %, mais aussi les épargnants américains ordinaires peuvent bénéficier de taux d’intérêt similaires en investissant dans des fonds monétaires réglementés (MMF), qui offrent actuellement environ 2,8 %.
Les banques américaines, tout comme les banques britanniques, continuent à offrir des taux d’intérêt dérisoires sur les comptes d’épargne. Les épargnants américains ont désormais accès à des instruments d’épargne sûrs offrant des taux d’intérêt de près de 3 %.
Les anticipations actuelles des marchés suggèrent que les taux d’intérêt américains dépasseront les 4 % d’ici la fin de l’année, un niveau que les MMF sont susceptibles de refléter. L’histoire montre que lorsque les taux d’intérêt dépassent 2 %, les investisseurs commencent à réagir. Un rendement de 4 % sur le cash peut s’avérer irrésistible.
Parallèlement, les épargnants qui ont été amenés à se tourner vers des investissements plus risqués dans les actions et le crédit, en tant qu’alternatives aux taux d’intérêt à ou proches de zéro, sont probablement en train de subir de lourdes pertes. Combien de temps faudra-t-il avant qu’ils ne changent leur fusil d’épaule ?
Navré de noircir une nouvelle fois le tableau mais il y a deux raisons supplémentaires pour lesquelles un délaissement des actions et du crédit pourrait résulter en une déroute brutale ou une liquidation soudaine pour les marchés financiers plutôt qu’en un dépérissement progressif des prix des actifs observé jusqu’à présent cette année.
Les régulateurs, conscients du risque élevé de récession mondiale en 2023 et hantés par les souvenirs de la crise financière de 2008, découragent les banques commerciales d’élargir leurs bilans.
En même temps, ces mêmes banques sont confrontées à des demandes croissantes de la part des entreprises de l’économie réelle pour financer des inventaires qui augmentent simplement à cause de l’inflation actuelle. Il s’agit de prêts rémunérateurs et il semble certain qu’ils seront prioritaires par rapport aux crédits accordés aux institutions financières.
La recherche de performance a poussé de nombreux investisseurs à immobiliser des fonds dans des investissements illiquides tels que le private equity et la dette privée. Si une ruée de capitaux vers des actifs plus sûrs et pourtant à rendement plus élevé se matérialise, seul un petit groupe d’actifs liquides pourra être vendu rapidement.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons adopté un positionnement très prudent au cours de l’été, avec une allocation en actions aussi basse voire plus basse qu’avant la crise financière de 2008.
Nous aimerions être plus optimistes mais les événements actuels nous laissent penser que ce n’est pas le moment. Comme le chantait Ian Dury en 1979, il est peut-être temps de « faire la tête » avant de pouvoir à nouveau chercher des « raisons d’être enthousiastes ».
Si vous souhaitez obtenir une copie du mémo d’Henry Maxey intitulé ‘So far, so good’, merci de contacter votre interlocuteur habituel chez Ruffer ou d’envoyer un courriel à ruffer@ruffer.co.uk
* Ian Dury and The Blockheads ont sorti « Reasons to Be Cheerful, Part 3 » en juillet 1979. Il a atteint la troisième place dans les hit-parades britanniques. L’auteur était un impressionnant jeune homme de 15 ans à l’époque. Il n’y a pas eu de partie 1 ou 2.
Sources : Bloomberg, Ruffer
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